Insidious 5 : The Red Door - critique qui (se) prend la porte (2024)

Films

Par Mathieu Jaborska

6 juillet 2023

MAJ : 29 août 2023

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Elles sont peu, les franchises américaines aussi rentables qu’Insidious.La Dernière Cléayant multiplié son budget par 16 en 2018, un cinquième volet de la saga initiée parJames Wanet son compèreLeigh Whannellétait inévitable. Mais comment préserver un semblant de cohérence après la clôture de l’arc d’Elise ? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre Whannell,Scott Teemset le nouveau réalisateurPatrick Wilson(l’interprète de Josh) avec Insidious : The Red Door. Et de toute évidence, ils n’ont pas réussi.

Insidious 5 : The Red Door - critique qui (se) prend la porte (4)

Porte au lointain

Insidious premier du nom étant peu ou prou une démonstration de style de la part de James Wan, la plupart des suites se débattaient très maladroitement avec ses concepts nébuleux (l’extrapolation paranormale de la projection astrale). Plus encore que ses prédécesseurs à la qualité pour le moins aléatoire, ce cinquième volet faisait face à une impasse. Les aventures de la médium Elise étant officiellement terminées, il ne lui restait plus qu’à se raccrocher aux personnages des deux premiers films… Ceux-là mêmes qui ont déjà eu droit à leur happy end.

La solution est toute trouvée : dès la première scène, se déroulant directement après les évènements d’Insidious 2, Josh et son fils Dalton (Ty Simpkins, qui reprend le rôle plus de 10 ans après) sont encore hypnotisés pour oublier leurs mésaventures les plus flippantes. Seulement voilà : 9 ans après la séance, l’amnésie n’a pas amélioré les relations familiales des Lambert et en particulier celles de Josh et son fils. Désormais divorcé (Rose Byrnen’a le droit qu’à une poignée de scènes), le patriarche essaie en vain de renouer avec le fils qu’il a jadis sauvé… et agressé.

Notre tête quand on s’est rappelé qu’un cinquième film arrivait

De toute évidence, le scénario – toujours chapeauté par Whannell, qui doit bien manger entre ses réalisations – choisit de se concentrer sur la relation père-fils, quitte à faire de son enjeu principal la quête de leurs souvenirs. Autrement dit, les deux hommes vont passer tout un film à découvrir une vérité… qu’on connait déjà, pour peu qu’on ait vu les deux premiers volets, ce qui sera le cas d’une immense majorité des spectateurs. Dos au mur, Insidious 5 patauge dans sa propre mythologie, laquelle n’était de toute façon à l’origine qu’un support pour les idées de Wan.

Et les quelques idées plus réflexives sur la saga, comme le rapport ambigu entre entre art et passé sombre, font difficilement oublier ce terrible constat : dénué d’enjeu véritablement original et même d’un antagoniste identifié (ce sont à peu de choses près les mêmes apparitions que dans le 1), The Red Door n’est pas particulièrement passionnant. Le dernier aveu d’impuissance d’une sagadevenue une compilation sans queue ni tête de séquences d’épouvantes.

«Papa, pourquoi ma soeur s’appelle Jump scare ?»

Preuve en est, l’utilisation du fameux «Lointain«, zone de terreur aux propriétés changeantes en fonction des envies des scénaristes. Un jour, il faut se déplacer jusqu’à l’endroit précis d’une apparition pour la revoir, le lendemain deux personnages se téléportent au même endroit, sans même parler des liens avec la peinture. Un beau foutoir de symboles et d’élucubrations narratives parfois absurdes (le personnage de Nick the Dick, sérieusem*nt ?), qui ne servent qu’à une chose : laisser de la place aux scènes de trouille.

Kinky

Porte à porte

Ça ne serait pas si grave si elles étaient réussies. Après tout, on n’est pas là pour subir les atermoiements paternels de ce brave Patrick. Sauf que c’est rarement le cas, la réalisation du même Patrick se contentant de singer Wan sans effort, un peu comme toutes les engeances putrides et puritaines de Conjuring finalement. Malgré ses énormes défauts,Insidious : Chapitre 3profitait de la mise en scène plus classique de Whannell pour donner le change. Wilson aligne les idées à la Wan sans jamais faire preuve d’autant de malice. En témoigne cette scène de memory amusante, qui se termine avec une simple destruction du dispositif. Subtil.

Car c’est l’évidence : la franchise Insidious témoigne une fois de plus de la manière dont l’industrie a résumé l’esthétique de Wan à la culture du pay-off, soit l’obligatoire jumpscare qui vient clôturer chaque séquence d’épouvante avec un son de violon désaccordé très désagréable à l’oreille. Le film devient dès lors une sorte de mauvaise attraction foraine atrocement répétitive, sacrifiant toutes ses bonnes idées de trouille pour caser le sursaut opportun – ou pas. Si on est loin du harcèlement pur et dur des pires productions estampillées Conjuringverse, l’expérience n’en demeure pas moins énervante, a fortiori le matin à 10h, quand il faut la rattraper pour écrire à son sujet au plus vite (Geoffrey je te déteste).

L’enterrement d’une franchise (on espère)

Le moindre jeu sur le décor ou sur le mouvement se termine avec un jumpscare, tel littéralement un figurant qui saute sur le héros avec un drap sur la tête (véridique). Plus question d’en faire un élément de manipulation du spectateur ou même de jouer à le surprendre comme le faisait si bien James Wan. Un simple gros plan sur le démon du moment suffira à remplir le contrat, qu’importe si on va voir venir la chose 10 minutes avant, réduisant de fait son efficacité. Quand même l’effet de surprise ne marche plus, il n’y a plus grand-chose à sauver.

Peut-être le verdict est-il un poil sévère face aux bonnes intentions de Wilson, qui semble heureux de donner un bel arc de rédemption à son personnage. Mais c’est surtout la fatigue qui s’exprime, après 15 fournées de fond de tiroirs de sagas horrifiques qui ne savent plus rien raconter, sinon la triste standardisation américaine d’un genre reposant très largement sur l’inventivité de ses auteurs. Et encore plus à 10h du matin.

Insidious 5 : The Red Door - critique qui (se) prend la porte (9)

Rédacteurs :

Mathieu Jaborska

Résumé

La saga Insidious est dans une impasse. Et les auteurs de cette énième suite choisissent de faire demi-tour, sans lésiner sur les tics les plus insupportables du film de trouille hollywoodien.

Tout savoir sur Insidious : The Red Door

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Dalton le cinéphile

il y a 11 mois

Véritable chédeuvre
Sénario complexe g pas tout comprit
G adoré le biopic sur Dalida, apparition furtive mais captivente

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Insidious 5 : The Red Door - critique qui (se) prend la porte (26)

Alxs

il y a 11 mois

Un film d’horreur ou plutôt une horreur de film ! Très très long à démarrer pour au final jamais vraiment décoller, le film est lent et se prend les pieds dans la narration boursouflée d’auto références, il n’y a presque rien à sauver.

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Thar

il y a 11 mois

Patrick Wilson assure dans sa réalisation assez classe, il joue également extrêmement bien.
Bref un bon film.

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Marc en RAGE

il y a 11 mois

Inutile d’ouvrir la porte Rouge un film sans trop d’intérêt le pire des INSIDIOUS.

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